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Jalousies 8

Élissa Marchal
    elissa.marchal@gmail.com
    93100 MONTREUIL-SOUS-BOIS
    site

Matière, support, surface, espace, couleur, lumière, ligne droite sont les ingrédients de l’admirable alchimie à laquelle se livre Élissa Marchal. Son travail trouve ses sources chez Tatline, Kandinsky, Reinhardt, Flavin, Judd et beaucoup d’autres mais s’en affranchit pour nous proposer des pièces d’une rare originalité. Elle procède par séries, dont elle essaie d’épuiser toutes les ressources. Après les Sédimentations, les Assemblages et les Structures, elle travaille désormais simultanément sur trois chantiers : les Cadres, les Jalousies et les Horizons.
     Dans les deux premiers, la couleur est structurée par des compositions géométriques en trois dimensions : rectangles pour les premières, parallèles pour les secondes. Les lignes sont des tasseaux dont les faces sont peintes de couleurs vives, dans un fini soigneux dont Élissa Marchal a le secret et qui leur confère l’aspect de délicates porcelaines. Dans les Cadres, le centre du rectangle est vide, montrant le blanc du mur, lequel n’est plus vraiment blanc puisque les couleurs des faces latérales des tasseaux vibrent, se reflètent et contaminent la surface qui les porte, un peu à la façon dont les néons de Flavin meublent le vide qu’ils délimitent. Le mur, blanc, n’est pas perçu comme tel et la perception colorée varie au cours de la journée ou selon l’angle sous lequel on observe les pièces. Le cadre, habituellement censé cerner une peinture, n’est donc plus qu’un attrape-regard trompeur et se confond avec l’œuvre elle-même.
     Dans les Jalousies, c’est plutôt à Judd que l’on pense, avec une différence essentielle, cependant : les tasseaux sont tous de même longueur mais d’épaisseurs et d’espacements différents, créant des rythmes subtils. Ici aussi, la couleur se reflète sur la paroi. Elle incite l’observateur à se concentrer sur ce qui se trouve entre les tasseaux – les lamelles de la jalousie, pourrait-on dire – pour se muer en voyeur et tenter de découvrir un intérieur insaisissable.
     Les Horizons sont en deux dimensions. Deux rectangles de couleurs différentes – contrastées ou voisines – et de dimensions égales sont superposés sur une toile. Le fini est impeccable, lisse, presque réfléchissant… Dans chaque rectangle, l’intensité lumineuse de la couleur décroît quand elle s’approche de leurs bords horizontaux. Un halo lumineux se crée alors à la frontière entre les deux plages, générant, malgré le minimalisme de la démarche de l’artiste, une profondeur quasiment illusionniste.
     Dans les trois cas, l’artiste, par le biais des vibrations et des interférences colorées, crée un mouvement qui accorde une présence au vide et suggère de nouveaux espaces physiques et mentaux.

LD