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Fe2O3

Sandrine Métriau
    contact@tpkbysandrinemetriau.com
    75012 PARIS
    site

Les sculptures et les installations de Sandrine Métriau recèlent des messages. Mais ces messages sont brouillés, déchiquetés, rendus illisibles ou inaudibles à dessein. Longtemps, elle a tissé, tressé ou tricoté des emballages de lait ou de jus de fruits en carton, préalablement découpés en fines lanières. Les inscriptions et les dessins figurant sur les briques ne peuvent donc plus être déchiffrés. On ne distingue plus que quelques traces de couleur et on suspecte la présence de lettres et de mots, mais le message qu’ils étaient censés transmettre s’est évanoui, dissout.
     Dans des travaux plus récents, Sandrine Métriau utilise des bandes magnétiques – K7 ou VHS – comme matière première. Ici, il ne s’agit plus de texte, mais d’images et de sons enregistrés, dont l’artiste efface et détourne le sens. Dans sa version la plus simple, la bande est utilisée comme substitut à de la laine pour tricoter de grandes tentures murales. L’une d’entre elles contient la quasi-totalité des films enregistrés de Laurel et Hardy… Devenus inexploitables…
     Ailleurs, dans sa série Immanence, les bandes magnétiques de K7 audio sont traitées comme de la dentelle pour former de petits volumes ajourés, noirs, suspendus dans les airs comme des nébulosités ou amoncelés au sol comme des amas coquillers d’une espèce inconnue. Le matériau, technique dans son essence, prend ici des aspects organiques, ouvrant grand les portes de l’imagination et du rêve.
     Dans Black Rot ou Fe2 O3, ce sont des bandes magnétiques VHS qui sont tricotées sur une structure en câbles électriques ou en matière plastique pour constituer des structures en trois dimensions. Champignon pathogène nécrosant une forme apparemment végétale, ici, stalagmites noircis et scintillants, là, au cœur d’une très platonicienne caverne.
     Dans toutes ces œuvres, les processus manuels ancestraux de tissage, de tricotage ou de tressage, appliqués à un matériau technologique industriel, désormais désuet, conduisent à ce que l’invisible ou l’illisible engendre une présence visible. L’immatériel se mue en forme à partir de bribes mémorielles, de rêves ou de fantasmes. On peut aussi y lire une critique acerbe de notre société de consommation, de l’obsolescence programmée, qui brade la vie – l’être – au profit des apparences – le paraître – mais aussi un brin de nostalgie pour ce qui fut et ne peut plus être comme avant

LD