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Arbre de vie

Dominique Moreau
    dominique.moreau@free.fr
    93100 MONTREUIL-SOUS-BOIS
    site

Les œuvres de Dominique Moreau – dessins, peintures, sculptures, installations – appartiennent à un univers qui hybride l’animal, le végétal et le minéral. Elles évoquent souvent la terre nourricière, ses fruits, les hommes qui la travaillent et les traces qu’ils y laissent. C’est leur force vitale, génésique, qui irrigue la plupart de ses travaux. On y trouve d’improbables légumes dont les tubercules font irrésistiblement penser aux racines de mandragore, vaguement anthropomorphes et depuis toujours associées à des croyances et à des rituels magiques. Mais il y a aussi des graines, des troncs, des branches, des feuilles, des rhizomes… toutes formes lentement évolutives qui renvoient au processus de croissance organique et à la circulation de la sève. Les notions de mémoire, de traces et de reliques – au sens étymologique de ce mot : ce qu’on laisse derrière soi – sont aussi centrales dans les travaux de Dominique Moreau. Depuis quelques années, le textile (d’origine végétale) est devenu son matériau de prédilection, car il est, sous les diverses formes façonnées par l’artiste, le plus propre à rendre compte de ces oppositions dialectiques entre force et fragilité, inertie et dynamisme, stabilité et croissance, mémoire et oubli…
     Son installation Force et fragilité réalise une synthèse de ces différentes caractéristiques. L’énergie vitale y est figurée par une série de boîtes de Petri, utilisées pour des cultures microbiologiques en laboratoire, contenant des broderies sur coton. Une série de toiles en tondo se réfère aux cellules animales ou végétales, à leur force vitale et à leur capacité de réparation. Un Arbre de vie, fragile siège des pensées et des actes, assemble un cerveau textile irrigué par des nerfs et des vaisseaux sanguins. Il surplombe une toile peinte, elle aussi en tondo, figurant la matière grise, réservoir des souvenirs qui construisent l’Homme, se transmettent de génération en génération, mais dont le progressif effacement est aussi signe de senescence et d’inexorable disparition. Une série de cœurs réalisés en textile complète l’ensemble et ramène à la notion de pulsation régulière…
     Ce processus d’accumulation est aussi essentiel chez Dominique Moreau, qui déclare : « C’est une accumulation de choses car depuis que j’installe, j’aime la répétition qui donne un rythme, un impact visuel fort. Cela vient, je pense, de mon travail sur la mémoire agricole. J’ai pris et prends toujours beaucoup de photos de tas et d’accumulations de choses dans les jardins maraîchers et dans le bonheur des balades dans les sites ostréicoles ou mytilicoles. »

LD