Première page (f) Page précédente (p) Planches contact (vignettes) Page suivante (n) Dernière page (l)
_ROY.jpg

Sans titre

Axel Roy
    axeledelroy@gmail.com
    75020 PARIS
    site

Dans les dessins au graphite sur papier d’Axel Roy, il est question de déambulation humaine dans des espaces publics. Les personnages qu’il met en scène sont des anonymes, photographiés dans la rue, sélectionnés à leur insu selon un protocole préalablement établi. Axel Roy transpose ensuite, minutieusement, à main levée, en noir et blanc, au crayon gras, sans recourir à un épiscope, des fractions détourées des clichés, dans une technique lente et laborieuse de dégradés, d’estompage, de modelage dont la virtuosité évoque celle des hyperréalistes.
     Sur la même feuille coexistent des fragments à des échelles différentes, espacés de façon plus ou moins régulière. On ne peut s’empêcher de penser à un processus d’échantillonnage d’attitudes humaines comme on pourrait en voir sur des planches-contact photographiques mais, très vite, le spectateur se rend compte que les espaces entre les différentes plages dessinées sont au moins aussi importants que les figures. L’artiste recrée ainsi distance ou proximité, suscite des interactions entre des personnages qui n’avaient, normalement, aucune chance de se rencontrer ni dans le temps ni dans l’espace. De ce point de vue, le téléphone portable, qui apparaît çà et là dans les planches, se pose en métaphore de la dialectique entre distance et rapprochement. L’architecture physique des lieux dans lesquels les personnages déambulent ou se figent est abolie au profit d’une évocation de liens plus subtils qui transcende les aléas du fortuit.
     Les hommes et les femmes représentés n’expriment aucun sentiment, réduits qu’ils sont au rôle de contributeurs à un flux humain auquel ils sont asservis, que ce soit par habitude ou par résignation. L’absence de référence aux lieux qui les environnent contribue à les pétrifier, à les statufier dans des attitudes qui n’ont rien d’héroïque, sauf à évoquer un héroïsme du quotidien aux antipodes de ce que fut, autrefois, la peinture d’Histoire, degré suprême dans la hiérarchie des genres… À moins qu’il ne s’agisse de l’Histoire d’une humanité anonyme… La seule qui compte, peut-être, après tout…

LD