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Lost (N° 3), 2017
gouache, crayon et crayon de couleur sur papier, 61 x 46 cm

Marion HARDUIN
    contact@marionharduin.com
    92110 CLICHY
    site

Dans ses œuvres sur papier et dans ses peintures, Marion Harduin se voue essentiellement au dessin. Elle y cultive une forme d’instabilité ou d’incomplétude qui, de prime abord, déroute le regardeur. Son trait, nerveux, anguleux, incisif, plus ou moins épais trace des chemins qui semblent en suspension dans un espace blanc, pour les dessins, ou globalement monochrome, pour les peintures. Les tracés ont un caractère organique, évoquant, selon la sensibilité du spectateur, des chaînes d’ADN entrelacées, des méandres viscéraux, des relevés sismographiques, des sonogrammes, des schémas de développement cellulaire ou cristallographique arbitrairement suspendus…
     La couleur, utilisée de façon parcimonieuse et subtile, crée des points d’ancrage du labyrinthe des traits dans un réel dont on ne saurait dire s’il est physique ou mental, perçu ou rêvé, constaté ou fantasmé. Elle fait surgir des formes évidemment géométriques mais difficilement identifiables, avec une prédilection pour des projections planes de volumes improbables. On ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec le Grand Verre de Duchamp, et à ses moules mâliques, à ses tamis, à ses tubes et à sa broyeuse de chocolat…
     À tout instant, le dessin semble sur le point de basculer dans un déséquilibre fatal. Il se tient, cependant, fragile mais assuré, comme sur une ligne de crête étroite entre visible et invisible, entre aléatoire et ordonné, entre organique et géométrique, entre spontanéité et contrainte, entre empirisme et psychisme, entre tactilité et intériorité… Toutes ces oppositions se résolvent dans ce que Marion Harduin appelle une activité passive, oxymore qui qualifie indifféremment sa posture et celle de l’observateur, obligé de laisser de côté ses repères habituels, conscients ou inconscients, pour en trouver d’autres, nécessairement subjectifs, puisés dans sa propre intériorité. In fine, ce que Marion Harduin nous propose, n’est autre qu’une invitation à un cheminement personnel vers une plus grande liberté…

LD