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Les portraits lents, 2017
vidéo-installation, 20’ en boucle

Loïc JUGUE
    ljugue@loicjugue.com
    94120 FONTENAY-SOUS-BOIS
    site

Les Portraits lents de Loïc Jugue ont un statut flottant : ni photographie ni vidéo mais aussi les deux à la fois. Ce ne sont pas vraiment des vidéos car la dimension narrative en est complètement absente. Ce ne sont pas des photographies, au sens strict, car ils sont animés, mouvants. L’artiste décrit sa démarche en ces termes : « J’ai filmé dans mon atelier un certain nombre de proches, amis, artistes dont le visage m’a intéressé. J’ai essayé de capter un moment de leur précieuse existence devant ma caméra… exactement six minutes et de le restituer dans ces vidéos lentes. Mes images sont sans concession […] Elles montrent le processus fascinant de la vie qui s’écrit, s’inscrit, se grave sur le visage, sous forme de traits, de rides… formant d’étranges paysages humains. »
     Les Portraits lents ont un caractère existentiel. La lumière mouvante qui baigne les visages en modifie l’apparence, altérant les traits, déformant les figures, changeant les expressions… Le tout s’inscrivant dans une lenteur qui peut devenir douloureuse. Un temps provisoirement ralenti, à la limite de la coagulation, qui met le spectateur dans un état de tension et le force à creuser au-delà de la surface, de l’épiderme, l’oblige à mettre de côté ses préoccupations du moment pour s’ouvrir à l’altérité.
     Pour macparis printemps 2018, Loïc Jugue nous propose une installation avec cinq de ses Portraits lents, montés sur cinq bornes verticales, des sortes de totems qui leur confèrent une présence hiératique et imposent un face-à-face direct avec le spectateur. Confronté à ces visages qu’aucun artifice ni retouche n’embellissent, le regardeur est amené à s’identifier à ces modèles anonymes, à considérer la surface de l’écran comme un miroir qui lui renvoie l’image de sa propre existence, provisoirement suspendue dans le temps, confinée dans l’espace, comme échappant à sa propre destinée…

LD